Le lendemain,
le benjamin prit son arc et ses flèches, et se mit en route. Il trouva les traces de la veille, qui le conduisirent près du fleuve. Le frère prit son arc et une flèche et attrapa un poisson. Le frère le tua, coupa une
liane et y attacha le poisson. Déjà, il avait une longue ligne de poissons. Il s'enfonça profondément dans la forêt. Malencontreusement, une flèche se ficha dans une racine. La racine pleura.
À l'instar de ses frères, il regarda les branches et se dit : « C'est à cet arbre que se sont nourris mes frères ! Il y a énormément de fruits, et ils ne m'en ont même pas donné un ! »
Il déposa à terre son arc et ses flèches, brisa une branche recourbée, grimpa à l'arbre et fit tomber des fruits. Les fruits s'abattirent sur le toit de la cabane. Bouma sortit, très en colère, et elle cria :
« Qui est-ce qui maraude encore les fruits de mon arbre à pain ? » Le plus jeune des trois frères, mort de peur, répondit :
— Moi et mes frères.
— Appelle-les, dit Bouma.
— Frères ! » appela-t-il. Mais les poissons étaient morts, et pas une seule voix ne se fit entendre.
Bouma dit : « Appelle encore ! »
Il appela, si bien qu'un fruit de plus tomba, mais aucune voix ne se fit entendre.
Bouma dit :
« Tu mens, tu es tout seul ici. Quand tu descendras, je te mangerai. Par où vas-tu descendre ?
— Par ta cabane. »
Vite, Bouma arracha le toit et le rejeta au loin.
Elle dit : « Je te tiens. Par où descends-tu ?
— Par les poutres de ta cabane. » dit le frère.
Vite, Bouma arracha les poutres, les brisa et éparpilla les morceaux loin de l'arbre à pain. Puis elle déterra les pieux qui
soutenaient la
charpente, et la cabane s'écroula.
Le frère dit : « Je vais descendre par ce cocotier. »
Bouma abattit le palmier et tous les arbres qui, autour de l'arbre à pain, lui fournissaient sa nourriture. Elle dit : « Par où vas-tu descendre, maintenant ? »
Le frère répondit : « Par ce porc, qui passe par là. »
Bouma saisit sa hache et tua le cochon.
Le frère dit, intentionnellement : « Par ton chien qui accourt par ici. »
Bouma tua le chien.
Elle dit : « Maintenant je te tiens. Comment descendras-tu désormais ? »
Le frère dit : « Par ta jambe gauche. »
Bouma se la coupa et tomba à terre.
Le frère dit : « Par ta main droite. »
Bouma se coupa la main droite. Le frère descendit de l'arbre, prit son arc et une flèche, et tua Bouma. Il ramassa les fruits de l'arbre à pain, les emballa dans un gros baluchon qu'il jeta sur son épaule. Il prit aussi la liane avec les poissons attachés et rentra chez lui.
Ses frères l'attendaient, car déjà le soir tombait. Le benjamin raconta ses aventures. Tous étaient bien contents, ils chantèrent et mangèrent sa nourriture autour du feu.
Depuis ce jour, Bouma n'a plus jamais emporté d'enfants du village.